Zofia Lipecka


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Zofia Lipecka, "Après Jedwabne"
Biennale de Sélest'Art, 2003

"Après Jedwane" de Zofia Lipecka, à la Halle aux Blés, invite le spectateur à entrer dans une grande salle sombre : des miroirs recouvrent deux murs qui se font face et reflètent à l'infini des visages projetés sur les deux autres murs. On distingue une voix masculine qui nous raconte l'histoire d'une tragédie ; celle d'un crime commis en Pologne. Pendant la guerre, des villageois assassinèrent l'autre moitié des habitants du village car ils étaient juifs. Les personnes filmées par l'artiste, dont on découvre les réactions de douleur et de peine, semble écouter cette voix avec nous. D'origine polonaise, Zofia Lipecka répond par cette oeuvre à un sentiment d'identité bouleversant et choisi de ne pas montrer les victimes, de ne pas les stigmatiser, mais de tourner vers chacun d'entre nous ce "Miroir symbolique". L'installation est un lieu de recueillement où la vérité historique se confronte dans les jeux du regard à la réalité de chacun.
C'est au travers de la technologie et des médias que le travail de Zofia Lipecka questionne le statut de l'image comme simulacre. Dans la série "Microespaces", le même paysage est reproduit à l'infini. C'est par un jeu miroirs qu'elle obtient des univers inquiétants, des labyrinthes de la vie moderne. Elle réalise des espaces miniatures (parking, grande surface, salle de gym...) encadrés par des miroirs qui ainsi répètent mécaniquement les reflets de ces constructions. Ces maquettes sont des Boîtes Noires qui donnent une vue aérienne d'un monde uniformisé mais sont aussi les témoins d'un crash, résultant de la confusion qui nous guette entre illusion et réalité. L'artiste nous entraîne dans une chute vertigineuse, et nous invite à pénétrer encore plus dans l'image avec des tirages numériques de grand format réalisés d'après ces environnements miniatures. L'angoisse qui s'en dégage est celle de l'individu face à l'architecture impersonnelle des espaces publics, celle de la métropole en expansion, où l'effort rationalisé est voué à la production, à la reproduction. A perte de vue, le même fast-food, la même usine, le même couloir nous apparaissent étonnement vrais.

Tournage réalisé pendant la Biennale d'art contemporain de Sélest'Art 2003 - 15ème édition.

Repères biographiques
Zofia Lipecka est née en 1957 en Pologne et vit et travaille à présent à Paris.
Depuis 1989, son travail est fréquemment exposé lors d'expositions personnelles dont voici les plus récentes: "peintures liquides", Animathèque MJC (Caen, 2003), "Vertiges", Maison des Arts (Malakoff, 2002), "Micoespaces", Espace Huit Novembre (Paris, 1999). Son travail est également montré lors d'expositions collectives à la galerie Corinne Caminade (Paris, 2000), et à "Carte blanche à Frank Lamy" au Webbar (Paris, 2000).