Jean-Pierre Khazem


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Jean-Pierre Khazem

Les photographies de Jean-Pierre Khazem mettent en scène des hommes et des femmes dont les têtes, pareilles à celles de poupées, semblent sculptées dans de la cire. Chacune arbore une expression figée, monotonie d'un masque accroché pour une situation et que jamais on n'enlève. Tête du mannequin parfait, têtes de lapins en peluche, têtes hydrocéphales portées tous les jours comme un accessoire, elles interviennent dans l'environnement comme le pôle gelé d'une interface où l'individu s'imbrique dans le corps social avec une troublante facilité.
Dans les photographies de la série "Pause", une jeune femme brune au masque impassible, pose immobile, dans un décor qui semble être une structure virtuelle de modélisation 3D. Tantôt elle apparaît de profil, montrant aux spectateurs la régularité de ses traits, toujours identiques, tantôt c'est de face qu'on la voit : on soupçonne, sur son visage, une expression, un léger sourire, changeant à chaque photographie, on la croit absorbée à de mystérieuses pensées. Pensées réelles sur un univers virtuel ? Pourtant l'artiste n'a eu aucun recours à la 3D, il a simplement installé plusieurs modèles humains à la tête revêtue d'un masque de silicone dans une structure conçue par l'architecte Andreas Angelidakis et les a photographiés. Cet environnement a été monté en 2002 dans l'espace d'exposition de la Färgfabriken à Stockholm à l'occasion d'une performance. Ces mêmes modèles y posaient devant leurs photographies. Mise an abîme de l'image et de son trouble qui ne distingue plus le reflet du modèle du reflet de la photographie.
Les clichés de Jean-Pierre Khazem posent l'impact visuel en tête, dans la décollation de nos crânes d'homo sapiens au profit d'artifices plus parlants, exubérants, parfois burlesques, parfois si réels dans leur imperfection. Sa vision a été sollicitée pour des campagnes publicitaires comme Diesel et Heineken. Pour ces photographies, il fait appel à une équipe de maquilleurs-coiffeurs qui ont soigneusement préparé les masques de silicone (certains comportent de vrais cheveux) que revêtent des modèles professionnels. Par cette technique du recouvrement, Jean-Pierre Khazem dessine un monde sans aucune disparité, fiction hollywoodienne où l'estime de soi et celle de son semblable sont une seule et même chose. Capituler est inutile puisque la représentation se confond déjà avec l'action, mais plutôt, à l'instar de Jean-Pierre Khazem, déformer l'archétype pour le déloger de la situation à laquelle inlassablement il répond, pour lui permettre d'y greffer d'autres liens.

Repères biographiques
Né en 1968 à Paris, Jean-Pierre Khazem expose régulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Ses images ont également nourri l'imaginaire des publicités des marques Dockers, Big issue, Mustang, Eurostar, Heineken et Diesel. Dernièrement, son travail a été montré au Deitch Project (New York, 2003), à Färgfabriken (Stockholm, 2002), à W&LT avec Eric Duyckaerts (Anvers, 2000) et à la galerie Emmanuel Perrotin à Paris (1998). Pour l'exposition à la galerie Deitch Project, Jean-Pierre Khazem a présenté "Mona Lisa Live", performance où une jeune femme revêt un masque aux traits du célèbre modèle. La Joconde apparaît, nue, debout sur un socle, dans un halo de lumière révélant aux spectateurs le sfumato si caractéristique de son sourire.