web tv art contemporain
 

Daniel Buren, Le Temps D'une Oeuvre
Fabien Verschaere, Once upon no time
Saâdane Afif, Power chords
Kader Attia, Flying rats
General Idea, Blue cobalt placebo
Pascale-Marthine Tayou, Colonie de foulards

8ème BIENNALE D'ART CONTEMPORAIN DE LYON : EXPERIENCE DE LA DUREE, visite avec Thierry Raspail

Vidéo : cable-adsl | modem bas-débit

Présentation par Thierry Raspail, directeur :

Depuis longtemps la temporalité est au coeur de l'oeuvre d'art en Occident. Dès le XIIIe siècle, le cycle de Saint-François en inaugure le phénomène à Assise. Giotto invente en effet, comme on le dit d'un trésor que l'on découvre, les épisodes d'une légende dont il fixe l'ordre et les successions, incarnant ainsi l'attente caractéristique de l'histoire de la Chrétienté jusqu'au XVIe siècle, celle de la fin des temps. [...]

Quelle temporalité s'incarne dans l'oeuvre d'aujourd'hui ? J'ai souhaité que cette question, en prise directe avec la création actuelle, issue d'une longue tradition, soit le fil rouge de la Biennale 2005.

C'est à partir de cette hypothèse de départ que j'ai souhaité que la Biennale se construise, délaissant d'ailleurs peu à peu la conscience du temps pour l'Expérience de la durée. En effet, c'est en confrontant le propos initial (qui associait le temps long, la simultanéité, les boucles et les superpositions) à l'expérience de l'oeuvre que la mutation s'est faite. Certaines pièces jugées jusque-là opportunes devinrent bientôt indispensables. Ce fut le cas par exemple de La Monte Young & Marian Zazeelaou dans un registre bien différent de James Turrell, celui des "Dark Rooms", ou encore de Terry Riley. Ces oeuvres sont à la fois constitutives et productrices de durées propres, hypnotiques, introspectives ou superposées, et plutôt longues. Elles n'acquièrent de réalité qu'à l'aune de l'expérience unique qu'elles convoquent et qu'elles exigent du spectateur. Ainsi la génération 70 (pour faire bref) jouerait dans cette Biennale comme une réapparition de mouvements déclenchés quasi fortuitement dans le présent et pourrait ainsi faire trame ou plutôt partition ; partition sur laquelle viendrait mouiller, comme on le dit d'un navire, la création la plus actuelle.

Ensuite (ou simultanément), il convient d'ordonner ces durées. C'est l'instant de l'installation, c'est à dire de l'exposition. Curieusement, celle-ci (passage de l'axe temporel à l'ordre spatial) a été moins conçue que composée, au sens où l'entendait Morton Feldman dont on connaît par ailleurs l'implication dans les arts visuels. Son "String Quartet n°2" pourrait d'ailleurs en être la métaphore (cf. son intérêt pour la durée, l'échelle, l'expérience, le son - entendu comme une expérimentation et non pas comme une pensée sur le moyen - son intérêt enfin pour l'assemblage composé de façon quasi intuitive au fur et à mesure, à partir d'une partition utilisée de manière fluctuante).

Mais si la temporalité occupe largement le terrain de la création visuelle, elle envahit tout autant le territoire social, existentiel, mental et anthropologique. L'historien et le philosophe s'en font l'écho à l'image de François Hartog et Paul Ricoeur en France.

Par conséquent, je voudrais que cette Biennale soit l'occasion de vérifier l'efficience de l'oeuvre d'aujourd'hui à la lumière d'un projet bien plus global, celui de notre propre temporalité, de notre comportement à l'égard du présent, de l'instant, du moment, de la durée, de l'accélération et de la fin.

Parce que l'Expérience de la Durée contient le temps réel et la simultanéité, j'ai souhaité que la Biennale de Lyon se répande en plusieurs villes d'Europe, afin qu'en écho le feedback fonctionne : ce seront Francfort, Glasgow, Milan, Paris, Vilnius et Zürich (au Portikus, Tramway, PAC, Palais de Tokyo, CAC, Migros) centres d'arts qui accueilleront majoritairement l'oeuvre d'artistes travaillant en France.
Et si j'ai demandé à Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans d'assurer le Commissariat de cette Biennale 2005, c'est que leur étrange couple incarne depuis plus de trois ans au Palais de Tokyo l'image sereine et trépidante d'une certaine forme de temporalité, excessive et réconfortante.

Légendes

1 - Daniel Buren, Le Temps D'une Oeuvre, 2005, échaffaudage, plexiglas colorés

2 - Fabien Verschaere, Once upon no time, 2005, installation, sculptures, fresque et dessin animé

3 - Saâdane Afif, Power chords, 2005, guitares électriques, amplis Marshal, automates, programme informatique

4 - Kader Attia, Flying rats, 2005, installation

5 - General Idea, Blue cobalt placebo, 1991

6 - Pascale-Marthine Tayou, Colonie de foulards, 2004-2005, installation, foulards, fresque et néons

page d'accueil - Saâdane Afif, Power chords, 2005, guitares électriques, amplis Marshal, automates, programme informatique

8ème Biennale d'Art Contemporain de Lyon

"Expérience de la durée"

du 14 septembre au 31 décembre 2005

www.biennale-de-lyon.org

 

 
creativ tv